Festa di a Nazioni : « Le Napoléon d’Abel Gance est un feu d’artifice visuel »

Vendredi et samedi aura lieu à l’espace Jean-Paul de Rocca-Serra la projection exceptionnelle en deux parties du Napoléon d’Abel Gance dans le cadre d’a Festa di a Nazioni.

Une version restaurée par George Mourier qui verra, en amont, se dérouler deux tables rondes à savoir vendredi (16 heures) Les figures de Paoli et Napoléon dans la création artistique en Corse et samedi (18 heures) Paoli et Napoléon: héros révolutionnaires ou hommes d’Etat. (Voir à ce sujet notre entretien avec Jean-Guy Talamoni). Deux moments importants dans cette programmation di Portivechju pà A Festa di a Nazioni. Marc Guidoni, auteur, réalisateur, producteur, et artisan de la tournée corse du Napoléon d’Abel Gance, a évoqué les différents aspects de la restauration et de la reconstruction de ce film mythique qui a été tourné en 1925 il y a un siècle.
De nombreuses scènes ont été tournées en Corse comme ici près de la tour de Capitellu

Marc Guidoni, quelle est l’histoire de la restauration du Napoléon d’Abel Gance ?

Marc Guidoni : Ce film qui a été tourné en 1925 et est sorti au cinéma en 1927 est un monument se situant à la fin du muet et au début du cinéma parlant. Il faut bien se rendre compte que pour l’époque c’était un film énorme, au-delà même de la durée dans sa version complète à savoir 9 heures, mais qui a très vite disparu des radars en raison, en partie, de cette période de transition entre le cinéma muet, auquel il appartient, et le cinéma parlant. En ce qui concerne les restaurations, il faut savoir qu’il y en a eu une dizaine au fil des ans sans jamais qu’elles apportent véritablement satisfaction. A cela il faut ajouter les remaniements apportés par Abel Gance et de ce fait il manquait de nombreux éléments du film originel. Dans les années 80, un Anglais – c’est quand même un comble pour un film sur Napoléon- Kevin Brownlow, a procédé à une nouvelle restauration qui a précédé la dernière en date, celle de Georges Mourier, qui a duré 14 ans.
Comment s’est elle passée ?
Il y a quinze ans la Cinémathèque de France, propriétaire des droits du film, a décidé de lancer une restauration ultime et pour cela elle a missionné Georges Mourier au départ pour une durée d’un an et au bout du compte cela a duré quatorze ans de plus. Georges Mourier a effectué un véritable travail d’inventaire en récupérant les éléments manquants du film un peu partout et puis ensuite a débuté le long et patient travail de restauration mais aussi de reconstruction, car il s’agissait bien de reconstruire le film.
Si l’on devait parler en termes de pellicules argentiques cela représenterait 10,5 kilomètres.
C’était quand même une histoire particulière..
Tout a fait, le Napoléon d’Abel Gance est un petit peu le premier film maudit de l’histoire du cinéma français car il faut savoir que tous ceux qui ont travaillé sur sa restauration n’en sont pas sortis indemnes. D’ailleurs Georges Mourier a affirmé qu’il ne voulait pas travailler tout seul car il avait un peu la trouille face à ce monstre. Cette restauration qui s’est achevée au printemps dernier a permis d’avoir aujourd’hui un film de 7 heures qui sera diffusé en deux parties vendredi et samedi dans la salle Abel Gance de l’Espace Jean-Paul de Rocca-Serra. Si l’on devait parler en termes de pellicules argentiques cela représenterait 10,5 kilomètres.
« Napoléon est le personnage historique qui a le plus suscité de films »

Quel a été le rôle de la cinémathèque de Corse ?

Un rôle majeur et ce pour plusieurs raisons, tout d’abord parce que Napoléon est un personnage incontournable à tous les sens du terme et puis une partie importante du film a été tournée en Corse à Ajaccio, du côté du Casonu et de la tour de Capitellu, mais pas seulement, il y a quand même un siècle et enfin et surtout parce que la Cinémathèque de Corse avait une copie d’exploitation datant de 1927 qui était restée en Corse et qui a été fondamentale pour reconstituer la colonne vertébrale de cette restauration. Une véritable pierre de Rosette qui a fait gagner un temps colossal. Il faut rendre hommage pour cela à Jean-Pierre Mattei car cette copie appartient à la Cinémathèque de Corse qui l’a mise à disposition de la Cinémathèque de France.
Un siècle après son tournage, comment peut-on encore expliquer la fascination que suscite ce film ?
Nous avons débuté notre tournée en Corse en juillet à Renno et elle va s’achever le 6 et le 7 décembre à Portivechju et à chaque fois le public est fasciné par le film mais pour comprendre cela il faut le voir. Dans ce premier tiers du 20e siècle tout est encore à inventer dans le cinéma et le Napoléon d’Abel Gance est un feu d’artifice visuel, un monument d’inventivité, c’est ébouriffant, époustouflant et puis il faut se replacer dans le contexte de l’époque en 1925 où lors du tournage à Ajaccio ont été vécues des scènes d’hallucination collective et puis Napoléon est un personnage historique à part. D’ailleurs pour l’acteur principal Albert  Dieudonné, ce rôle qui l’a rendu célèbre, l’a marqué à vie. Il a tenu à se faire inhumer en habits impériaux. Il ne faut pas oublier que Napoléon est le personnage historique qui a le plus suscité de films que ce au soit au cinéma ou à la télévision avec 1.300 films.
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