Patrick Manoukian alias Ian Manook, alias Paul Eyghar, alias Roy Braverman est l’un des auteurs de la Manufacture de Livres qui sera présent au festival Piazz’à u libru ce week-end à Portivechju.
Lire Ian Manook c’est oser le grand écart littéraire du roman policier à la littérature blanche en passant par des récits historiques et d’autres encore plus intimistes. Rencontre avec celui qui publiera en août Le Pouilleux Massacreur, un ouvrage, présenté en avant-première lors de Piazz’à u Libru et qui raconte la vie de…Patrick Manoukian. Lire Manook c’est aussi mettre un sac à dos et arpenter le vaste monde.
Ian Manook et la Corse ?
« Je suis venu en Corse pour la première fois en 2014 ou 2015 à l’invitation de Christel Ebrard et depuis j’y reviens régulièrement au moins une fois par an, car la relation tissée avec Christel et Paul Ebrard ainsi qu’avec la librairie Le Verbe du Soleil est très forte alors bien entendu être présent au Festival de Porto-Vecchio est quelque chose qui rend très heureux »
Comment vous définiriez vous ?
« Je suis un voyageur –écrivain et les voyages que j’ai pu faire on les retrouve au sein de mes ouvrages que ce soit la Mongolie, où j’ai passé plus de deux ans, dans Yeruldelgger ou bien les Appalaches et l’Alaska avec Hunter et Crow. Je m’inspire de ces voyages pour servir de cadre à mes livres et cela se ressent.
En peu de temps vous avez énormément écrit, d’où vient cette boulimie ?
J’ai commencé à écrire tard vers 2012 et depuis ce moment, écrire pour moi est un besoin à la fois physique, psychologique et moral. En fait, j’ai envie d’écrire tout ce que je peux écrire, c’est cela qui me sert de fil rouge dans ma vie. Je pense que plus on écrit, au-delà de faire partager des histoires, on finit par donner des choses plus personnelles, comme une nécessité de témoignage, et puis quand on avance en âge comme c’est mon cas, j’ai 75 ans, on ressent le besoin de laisser quelque chose de soi
L’art du grand écart
Lire Manook c’est aussi voyager dans les différents genres littéraires ?
Comme je l’ai déjà dit, j’aime toutes les écritures, les grands écarts ne me font pas peur et je peux passer du roman policier, qui se base sur un fond géographique que j’ai éprouvé, à des livres comme l’Oiseau Bleu d’Erzeroum, paru en 2021 où là on touche plus à l’histoire intime de ma famille car il s’agit du génocide arménien par les Turcs. Ce livre est inspiré de l’histoire vécue par ma grand-mère qui a été réduite en esclavage et qui a connu cette tragédie dans son côté le plus sombre et désespérant où l’on perd toute foi en l’humanité au regard de ce que l’homme peut commettre de plus horrible en termes d’atrocités.
Un grand écart qui se trouve à A Islande paru en 2022 qui raconte l’épopée des pêcheurs partis sur les bancs de Terre Neuve ? :
« J’ai passé deux semaines là-bas et j’ai même squatté dans les ruines de l’hôpital qui accueillait les marins français. C’est là que j’ai découvert l’histoire de cette infirmière venue de France pour y travailler. Cela a été le point de départ du livre
Votre dernier ouvrage Le Pouilleux Massacreur, présenté en avant-première lors du festival Piazz’à u Libru est encore plus personnel voire intimiste ?
« A 90% pour cent c’est mon histoire et celle d’une bande de jeunes, qui se passe en 1962. C’est l’époque du rock, des minijupes, des blousons noirs c’est aussi l’époque de l’OAS et des attentats, avec au milieu de tout cela une histoire dramatique qui va conduire une bande de jeunes dans une descente aux enfers. C’est ma jeunesse à Meudon-la-Forêt moi le fils d’un Apache des « fortifs » de Paris »