Ce soir débute la première édition du Portivechju Film Festival. Avant que les projecteurs ne s’allument lors de la cérémonie d’ouverture, le maire Jean-Christophe Angelini revient sur les enjeux de cet événement.
Portivechju Film Festival, premier du nom, se situe dans une longue tradition cinématographique dans notre Cité. Il était important pour Portivechju de s’inscrire, à nouveau, dans ce patrimoine ?
Jean-Christophe Angelini : C’est même fondamental pour plusieurs raisons. Il y a une raison évidente liée à notre histoire et à la nécessité de la perpétuer et de la conserver dans un format dynamique et vivant mais il y a, également, un volet culturel plus global. Portivechju a fait de l’entreprenariat culturel notamment depuis notre accession aux responsabilités, une de ses grandes priorités avec le tourisme durable et l’économie bleue. Nous voulons véritablement développer une économie de la connaissance et de la culture, à partir de l’accueil de tournages, de l’organisation d’événements, de festivals du livre du cinéma, d’initiatives dans le domaine de la programmation musicale, hors les murs et ici même, d’initiatives dans le domaine du théâtre, de la création en général.
Une volonté de faire de la culture, un pilier de notre société
Il y a autour de l’Animu, du Bastion de France, de la salle rouge, de toute la ville, une volonté de faire de la culture un pilier de notre société locale en même temps que de notre développement durable. Il y a, au confluent de l’amour du cinéma, qui est propre à beaucoup de membres de l’équipe municipale et à Cinéma Paradisu qui est notre co-organisateur, cette envie de porter un événement plus tard dans la saison touristique, cette volonté d’accueillir pendant trois jours cette année, une semaine peut-être l’année prochaine des centaines, demain des milliers de personnes autour d’une même passion. Pour toutes ces raisons là, je pense que le Festival correspond à des attentes en même temps qu’à une stratégie profonde
» Portivechju accueille naturellement les professionnels du cinéma »
Portivechju Film festival se veut une plateforme ouverte sur le cinéma dans son ensemble et sa diversité au niveau des pratiques et des professions ?
Les autres festivals, sans comparer quoi que ce soit, ont une histoire et une antériorité que nous n’avons pas. Ce sont, pour nous, des modèles et des exemples, du Festival de Lama à Arte Mare en passant par ce qui est organisé autour du festival du film espagnol, italien ou anglais, on a pléthore d’exemples qui fonctionnent et qui depuis des décennies, pour les plus anciens, drainent un public avec une véritable exigence de qualité et d’accueil. Mais nous avons un objectif qui est celui d’être complémentaire et en même temps dans la même veine, dans la même exigence esthétique et éthique. Nous voulons réussir cet événement et nous considérons que nous allons pouvoir le spécialiser dans le temps et qu’il n’était pas besoin, à ce stade, de lui donner une identité trop figée.
On va laisser avancer les choses au fil des mois pourquoi pas des années jusqu’au moment où on dira on a une spécialité, on est le festival d’un certain type de cinéma, mais cela on le verra dans le temps. Il y a cette idée des professions liées au cinéma avec l’idée d’un marché et d’une dimension peut-être un peu plus technique que dans d’autres festivals où l’on pourra accueillir ici, monteurs, réalisateurs, des gens qui évoluent dans le domaine de la musique, de la prise de son, des courts métrages, de la bande annonce. Nous le faisons, déjà, cette année et l’on voudrait creuser un peu plus cela, d’autant que Portivechju accueille naturellement des professionnels du cinéma, qu’ils y résident ou qu’ils y viennent très souvent, très intéressés par ce que l’on est en train d’organiser.
« Le cinéma, une passion personnelle »
A titre personnel le cinéma c’est une deuxième passion ?
C’est même une des toutes premières avec bien entendu la chose publique et l’engagement politique. C’est une passion personnelle, mais c’est aussi une passion partagée au sein de l’équipe municipale, déjà, dans les rangs de Cinéma Paradisu bien sûr et plus généralement dans notre ville. On voit le travail entrepris par Jean-Pierre Mattei, Jean-Paul Valli, Dominique Landron et tant d’autres qui oeuvrent depuis des décennies, depuis la Corse et le Cinéma, la Cinémathèque de Corse. On ne pouvait pas ne pas perpétuer cette tradition tout en s’inscrivant dans notre temps et dans des cinémas peut-être plus actuels et plus contemporains.
De manière plus général, quel est l’état de l’entreprenariat culturel en Corse et de l’industrie cinématographique en particulier?
Il y a un décalage entre la vitalité du secteur et des entreprises qui le composent et la prise en compte, tous pouvoirs publics confondus, de cette dynamique. C’est une filière qui est, à la fois, forte d’expérience, de créativité, de capacité et fragile parce que si l’aide publique et les soutiens prodigués venaient à être fragilisés, voire à se tarir elle pourrait très vite s’effondrer. C’est donc un effort de chaque instant et j’en appelle à un soutien toujours plus puissant à la création. Je suis partisan d’un développement économique assumé, ouvert, durable et dans le même temps je considère qu’il ne passe pas simplement par le tourisme ou le secteur marchand tel qu’on le connaît mais également par l’entreprise culturelle. C’est fondamental, tout se tient et on ne peut pas aujourd’hui négliger les uns ou les autres dans une approche exclusive. Il faut une approche globale et intégrée. Il faut considérer que la culture, la création, le cinéma sont bien entendu des éléments d’expression artistique, mais aussi les moteurs d’un développement économique annualisé et durable. Pour toutes ces raisons, j’apporte mon entier soutien à la profession avec cette volonté d’aider à trouver un chemin partagé et réussi.